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L'usage du monde
8 juillet 2016

Un.

J'observais sans rien dire le papou au loin qui bronchait dans son baobab. Il avait avalé des feuilles de travers et tentait de racler le fond de sa gorge à grands bruits d'éructation, se grattant d'une main aux ongles cassés et sales le creux susternal, comme pour enlever à travers la peau du cou les fibres qui génaient sa trachée. Au dessus de sa tête emplumée et pavée de brindilles sacrées d'arbres aux essences diverses, on apercevait le rouge du soleil couchant qui noyait l'horizon. Ma bouche était sèche et mon manteau plein des poussières accumulées pendant la journée s'agitant autour de moi. 

Soudain la silhouette malingre du papou s'agita de droite à gauche et de gauche à droite violemment, faisant bouger les branchouilles au somment du baobab. Il poussa un cri très aigu, fit trembler sa tête que je distringuais à peine à la hauteur où j'étais, et soudait on vit sa carcasse chuter en un ultime soubresaut, au bas du baobab. 

Un bruit de bris d'os, la chute avait été mauvaise pour le papou, et un petit gémissement à peine distinct. Trois corneilles qui s'envolent, puis rien. On sentait la chaleur rauque d'un potamochère qui quelque part grattait la terre en soulevant la poussière ocre. Je n'osais m'avancer, sachant que cette heure tardive était privilégiée par les lionnes pour partir à la recherche d'un cuissot d'algazelle ou un fémur de zèbre laissé dans la puanteur de l'été. 

 

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